Le Maroc, berceau d’une culture cosmétique

Il va sans dire qu’il est une culture cosmétique là où il y a des femmes, pour ainsi dire, partout. Il n’est pas de civilisation, de peuple ou de peuplade où les femmes n’ont pas développé un savoir et un savoir-faire dédiés à prendre soin du corps, à faire valoir la beauté. La beauté féminine en premier lieu, bien évidemment, mais pas seulement.

Ce sont alors des recettes, des concoctions, des procédés… des rituels ancestraux dont l’universalité est incontestable et qui fondent des cultures entières. De génération en génération, au fin fond des maisons, des Riads, des harems, des huppes, des chaumières ou des palais, on se transmet des flambeaux séculaires. Le geste imite le geste, la parole s’ancre dans la parole par suggestions, directives, ou souvent, par des proverbes inspirés et inspirants, voire par une parole aux tournures poétiques. Nous parlons là de tout ce qui forme en fin de compte une littérature orale et gestuelle garante de la pérennité et de la saine transmission au sein d’une communauté ; pour le bien-être d’une civilisation.

Autant ces pratiques sont universelles, autant elles sont locales, nationales et fondent ce que nous appelons identité culturelle. Dans notre identité propre, dans notre culture marocaine, nous nous considérons particulièrement riches de ces savoirs et de ces savoir-faire. Nos pratiques quotidiennes en regorgent, dans nos souks traditionnels et modernes s’empalent des produits qui en sont issus, notre terre en produit la matière première que s’arrachent les marques internationales. Sommes-nous pour autant une Terre où la culture cosmétique pousse et prospère comme prospèrent les plantes et les arbres ? Cette fameuse culture cosmétique marocaine n’est-elle pas une sorte de deuxième nature ?

D’aucun nous accuserions de chauvinisme, d’autoglorification, voire d’ethnocentrisme. D’autant plus que, comme suscité, nous parlons de phénomènes universels. Certes ! Toutefois, il est possible d’avancer des raisons valables et objectives à cette fierté, à un sentiment légitime de particularité. Ainsi, il ne serait pas exagéré, ni culturellement centriste ou fanatique, de suggérer que la Maroc est un pays riche d’une vraie culture cosmétique, d’une culture cosmétique particulière et particulièrement développée.

Il y a des raisons historiques et naturelles qui pourraient appuyer cette affirmation. Grâce à sa position géographique aux carrefours des continents et des civilisations, le Maroc a vu passer, migrer et se sédentariser, des peuples et des peuplades de tous bords. Il a vu naître et prospérer des civilisations de toutes dimensions et natures. De l’origine amazighe jusqu’à la culture judaïque et puis à la civilisation arabo-musulmane, en passant par les Byzantins, les Grecs ou encore les romains (à titre d’exemple non à titre exhaustif), cette terre a été et continue à être une terre de brassages ethniques et civilisationnels. Le savoir cosmétique s’y conjugue (comme autres savoirs) dans une pluralité exceptionnelle : la femme marocaine, mère et matrice de ce savoir, est par définition plurielle : elle est Amazigh, Juive, Arabe, Africaine, Grecque, Romaine, Européenne… Plus encore, elle est tout cela à la fois. Enfin, et comme si la nature ne fait que répondre à l’esprit des hommes qui l’habitent et répond aux penchants de leurs âmes, comme par magie, il est des produits poussants ici et qu’on ne trouve nulle part ailleurs (ou beaucoup moins) : l’Argan, l’Huile d’Olive, l’Azir (romarin), le Safran …

Le Maroc n’est pas seulement le berceau d’une culture cosmétique, c’est un épicentre qui captive et enrichit les gens depuis des siècles avec ses rituels de beauté. S’inspirant d’une sagesse ancestrale, les Marocains d’aujourd’hui continuent d’embrasser leurs pratiques traditionnelles tout en restant ouverts aux nouvelles possibilités offertes par les cosmétiques de pointe.

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